Lorsque quelqu’un est à bout de souffle, tousse et produit un silement en respirant, la logique voudrait qu’une consultation avec un pneumologue va de soi, n’est-ce pas? Pas vraiment. En fait, l’accès aux soins de santé est basé sur une hiérarchie clinique; la hiérarchie des soins ou les “tiers de services”. Voilà pourquoi les soins sont souvent qualifiés de “primaires”, “secondaires” et “tertiaires” ou plus. L’accès aux soins est basé sur un système de référence aux différents niveaux et types de soins. La porte d’entrée de ce système est habituellement le médecin de famille ou la clinique de première ligne.
De ce fait, la médecine générale est donc le principal gardien de notre santé. Elle a pour mission d’assurer la surveillance de base et en continu de notre santé ainsi que d’être la première instance d’intervention lorsque des symptômes tels que ceux mentionnés ci haut se manifestent. Ce n’est qu’à ce moment et selon les circonstances qu’un jugement clinique détermine si une référence à des soins spécialisés est requise. Si c’est le cas, une référence est faite afin d’aller chercher l’expertise nécessaire plus haut dans la hiérarchie des soins. Dans l’exemple mentionné ci haut, le patient pourrait ainsi être référé, entre autres, à un pneumologue.
Une fois que le patient se retrouve avec le pneumologue, celui-ci procède à d’autres tests afin de pouvoir poser un diagnostic et de pouvoir procéder avec le traitement approprié. Cependant, il est aussi possible que les tests ne soient pas suffisamment concluants et que les symptômes recoupent un autre type de médecine spécialisée, comme par exemple la cardiologie. Le pneumologue pourrait juger que les symptômes requièrent une exploration plus poussée afin de déterminer s’il y a un enjeu cardiaque. Une autre référence, cette fois-ci du pneumologue au cardiologue, est nécessaire pour procéder à d’autres tests à partir de l’expertise médicale requise.
Alimentée par le développement de la science et la population qui vit de plus en plus longtemps, la complexité des cas cliniques augmente et la pression sur les systèmes de santé s’intensifie. Cette tendance nourrit le labyrinthe potentiel de références cliniques; plus les cas cliniques sont spécialisés et complexes, plus ils doivent être référés et monter dans la hiérarchie des soins. C’est ainsi que les différents niveaux de la hiérarchie des soins se découpent et s’interconnectent les uns avec les autres, à savoir à travers des références faites par des cliniciens vers d’autres afin d’accéder à l’expertise spécialisée requise pour aboutir aux bons diagnostic et traitement. En guise d’illustration, nous comprenons ainsi qu’afin d’aboutir avec un chirurgien cardiaque contemplant la possibilité d’une chirurgie à coeur ouvert, de nombreuses étapes, tests diagnostiques et références cliniques sont possibles, voire nécessaires.
La hiérarchie des soins, les niveaux qui viennent avec et le potentiel pour un algorithme de références cliniques peuvent devenir très complexes et parfois générer un encombrement du système. Il s’agit d’un des facteurs importants à considérer lorsque l’on se penche sur le défi abondamment discuté de “l’accès aux soins” auquel nos systèmes de santé font face alors qu’ils doivent composer avec des goulots d’étranglement, des listes d’attente et d’autres problèmes bien connus. La complexité ne se prête pas facilement à l’exercice de mettre en forme un processus fluide et sans faille. Le dilemme de “l’accès aux soins” prend partiellement sa source dans la complexité qui vient avec la hiérarchie des soins. D’approfondir notre analyse du défi de “l’accès aux soins” serait sans aucun doute utile pour mieux le comprendre et révélerait fort probablement des découvertes déconcertantes sur le rôle que les salles d’urgence jouent dans ce contexte. Intéressés(es)? Lisez la partie II
En attendant, portez-vous bien et soyez heureux.
B.