Un accès facilité aux soins de santé est un des problèmes les plus critiques à résoudre au sein de nos systèmes de santé. Le fait que le taux d’inscription de la population auprès d’un médecin de famille n’est pas idéal exacerbe le défi plus général de l’accès aux soins. L’accès à un médecin de famille est un défi en soi car jusqu’à 25% des populations provinciales n’en a pas un. L’enjeu en lien avec une telle statistique est double.
D’une part, ne pas avoir de médecin de famille signifie qu’une gestion préventive en amont des problèmes de santé est moins probable pour une portion significative de la population. La gestion des enjeux de santé une fois qu’ils sont plus avancés dans leur développement génère une pression sur le système et des résultats moins prometteurs. D’autre part, ne pas avoir de médecin de famille signifie aussi de ne pas avoir, si requis, un accès facilité à des références pour des soins plus spécialisés et donc plus élevés dans la hiérarchie des soins. Ainsi, les gens présentant des symptômes qui les inquiètent par rapport à leur état de santé et qui n’ont pas accès au moyen habituel pour entrer dans le système se retrouvent… à la salle d’urgence (SU), ce qui contribue à leur engorgement…
Les cliniques “sans rendez-vous” (SRV) ont emergé et pris une place grandissante au cours de la dernière décennie afin d’alléger l’engorgement des SU et d’offrir un accès rapide à des soins primaires. Les SU et les cliniques SRV sont deux pierres angulaires de la structure des soins primaires. Elles sont utiles pour faciliter l’accès, si requis, à des soins spécialisés mais elle n’offre pas la même capacité de continuité des soins que les cliniques régulières de première ligne peuvent offrir. Les SU et cliniques SRV sont conçues pour être utilisées pour un enjeu ponctuel et spécifique survenant à l’extérieur des soins primaires qui devraient être offerts en continu.
La manière avec laquelle l’accès aux soins est structuré dans les systèmes de santé génèrent au moins deux défis importants. D’une part, le système de références soulève le défi de faire fonctionner un algorithme parfois complexe de références pour accéder à différents types ou niveaux d’expertise médicale. L’autre défi est de s’assurer que la porte d’entrée principale du système, que sont les soins primaires réguliers, soit pleinement fonctionnelle. Cela est nécessaire afin d’ancrer une meilleure continuité des soins ainsi qu’un accès opportun à une expertise médicale spécialisée requise qui se trouve à un autre niveau de la hiérarchie des soins. En somme, un meilleur accès veut dire de meilleurs soins en général ainsi que moins de pression sur le système provenant simplement d’inefficacités systémiques.
En conclusion, de regarder de plus près comment la hiérarchie des soins et ses niveaux (ou tiers) fonctionne nous aide à mieux comprendre une partie du défi de “l’accès aux soins” auquel nos systèmes de santé font face. L’accès aux soins primaires et l’algorithme de références à d’autres types de soins plus spécialisés sont de bons exemples de la complexité sous-jacente au défi plus global de “l’accès aux soins”. Il y a d’autres dimensions à ce dilemme d’accès aux soins qu’il nous serait utile d’aborder pour obtenir un portrait plus complet du défi à relever comme par exemple la pauvreté , la gestion du personnel ou encore l’éloignement géographique. Il serait utile d’aborder ces autres dimensions pour découvrir d’autres pistes d’amélioration du système. Celles-ci mériteront notre attention mais il s’agit d’autres pistes de réflexion intéressantes pour de futurs articles…
En attendant, portez-vous bien et soyez heureux.
B.