Personne ne sera surpris d’entendre que plus d’investissement est requis dans les soins de santé même si les dépenses personnelles, privées et publiques sont plus élevées que jamais. Les dépenses gouvernementales en santé ont historiquement augmenté à un rythme annuel de 2 à 4%. Le graphique ci bas illustre, en dollars courants et en dollars de 1997 pour référence, la croissance du financement de la santé au cours des deux dernières décennies. Plus de 264MM$ sont maintenant investis annuellement dans les soins de santé au Canada, ce qui représente plus de 7000$ par Canadien, pour tous les Canadiens; malade ou non. Encore plus de $ sera cependant nécessaire… Même s’il va de soi que nous devons maintenir une croissance des investissements dans les soins de santé, il serait légitime que notre société se questionne à un certain moment donné à savoir si la notion de rajouter toujours plus de $ a une « limite » ou pas. Sinon, comment encaisser le coup des coûts?
En fait, peut-être que la question de savoir “comment encaisser le coup des coûts” n’est pas la bonne question à poser. De cibler les investissements pour s’assurer d’un retour porteur pour le système est probablement plus important que de déterminer un seuil d’investissement à partir duquel nous ne serons plus en mesure d’encaisser le coup des coûts. Ainsi, il serait assurément plus judicieux de se demander: Quels investissements sont les plus prometteurs? De quelle manière doit-on aborder l’amélioration du système de santé afin d’assurer sa pérennité et sa capacité d’offrir des soins de qualité à tous?
En regardant le découpage des dépenses de soins de santé présenté dans le graphique ci-dessus, il est assez évident que de considérer le groupe des 55 ans et plus offre un potentiel énorme pour cibler des investissements pouvant avoir un effet en profondeur sur le système. La majorité des dépenses en santé sont rattachées à ce groupe d’âge. De ce fait, fort est à parier que de bons investissements sont à portée de main dans ce segment de la population. Évidemment, on pourrait affirmer qu’il est assez facile d’arriver à une telle conclusion. Bon, je vous l’accorde: il va de soi que plus d’investissement est requis dans les soins aux aînés(es)… Mais encore, le dilemme des ressources limitées n’est pas résolu. Quelles devraient être les cibles spécifiques d’investissement si nous souhaitons investir plus? Qu’est-ce qui pourrait générer le meilleur retour sur l’investissement? Ces questions demeurent pertinentes. Afin de s’aider à identifier les bonnes cibles d’investissement, il est utile de s’informer et d’apprendre de l’expérience des autres systèmes de santé.
Le système de santé du Danemark est souvent cité en exemple. Il a réussi avec succès un virage important avec des investissements ciblés pour renforcer ses soins à domicile. Cette nouvelle approche a permis à leur système d’introduire une dynamique de marché dans l’offre de soins à domicile qui s’adapte aux préférences des usagers. Cela a contribué à augmenter la qualité des soins et à réduire les coûts de système. L’approche a aussi réduit le besoin de soins de longue durée à tel point qu’aucune nouvelle infrastructure d’hébergement n’a été construite depuis la fin des années ’80. En 2019, ce succès de longue date en soins à domicile est devenu la pierre angulaire d’une vision modernisée, complète et qui utilise les leviers technologiques du 21e siècle afin de préparer le pays à faire face aux enjeux découlant de la vague démographique vieillissante. Peut-être serions-nous en mesure de s’inspirer de ce modèle et de l’ajuster aux besoins des systèmes de santé Canadiens? Cela fait beaucoup de sens.
Alors que nous constatons le vieillissement de notre population et le prolongement de l’espérance de vie, le maintien de l’autonomie des gens et leur capacité de demeurer dans leur milieu de vie semble essentiel. Il pourrait non seulement offrir la meilleure voie pour soutenir la santé et le bien-être mais aussi contribuer à garder les coûts de système sous contrôle. Il est clair que les soins à domicile sont moins dispendieux que les soins aigus ou de longue durée. Tout le monde y gagnerait. La valorisation et le développement d’une approche musclée en soins à domicile semble être une avenue remplie de promesses pour renforcer le système à travers des investissements judicieux. D’autres idées de la sorte seront nécessaires alors que nous allons de plus en plus faire face au défi d’investir des ressources limitées. Si vous étiez les décideurs, où choisiriez-vous d’investir? Écrivez-moi pour me transmettre vos idées à blogbenoitmorin@gmail.com. Je suis convaincu qu’il y a de nombreux autres investissements judicieux et vos idées seront une bonne matière première pour d’autres articles dans le futur…
En attendant, portez-vous bien et soyez heureux.
B.