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Dans un article précédent, j’ai abordé le concept de “pleine conscience épurée” (en anglais: “raw mindfulness”) afin de souligner à quel point il est difficile de saisir la réalité pour ce qu’elle est et l’ampleur des efforts conscients requis pour dissiper le brouillard et voir les choses pour ce qu’elles sont de manière épurée; nous voir nous-mêmes pour ce que nous sommes. Un effort substantiel est requis pour atteindre un certain niveau de lucidité et ce, particulièrement en nos temps modernes où la désinformation, les stigmas, les jugements et les modes constituent la fondation de notre vision du monde et de comment nous nous constituons comme individus. Pour y arriver, je trouve utile d’utiliser l’approche classique de la pleine conscience comme levier et d’y ajouter un test de réalité additionnel. En ce sens, si la pleine conscience vise à améliorer notre présence aux choses qui sont, à la réalité qui nous entoure, nous pouvons considérer que la pleine conscience épurée nous encourage à aller plus loin afin de bien saisir l’histoire véridique sous-jacente à cette réalité.
D’être lucide et de suspendre notre jugement sont des états difficiles à atteindre qui exigent des efforts conscients à refaire et à refaire encore. Atteindre cet état de lucidité sans jugement est comme peler un oignon. Une couche après l’autre, nous découvrons d’autres couches à peler pour réussir à voir le monde qui nous entoure pour ce qu’il est et aussi pour apprendre à se connaître sans les filtres multiples que nous utilisons ou que la société nous impose. Ultimement, nous pouvons découvrir une réalité qui tend de plus en plus vers un stade épuré (que nous aimions cette réalité ou pas); une réalité qui nous dévoile des choses qui peuvent être éclairantes mais aussi qui peuvent nous mettre au défi de manière significative. De souhaiter investir les efforts requis pour épurer, avec courage, la réalité de tout le bruit qui l’entoure afin de se rapprocher d’un état de vérité non biaisée constitue, pour moi, la pratique de la pleine conscience épurée.
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J’ai cru bon d’expliquer plus avant ce concept car il sous-tend mon approche: voilà comment je m’efforce de voir et de comprendre le monde en général. Une telle approche peut parfois être risquée car elle peut ouvrir la porte à être perçu comme étant un peu trop direct ou même cru lorsque des efforts sont investis pour dissiper le brouillard présent dans nos vies, mais il ne s’agit pas d’une démarche visant à renforcer le jugement; bien au contraire. Il s’agit plutôt de réussir à bien saisir et accepter ce qui « est » de manière épurée, sans tout le bruit et les biais induits par nos temps modernes, et ce, afin de mieux nourrir comment nous construisons le monde; comment nous construisons notre monde. En ce sens, il s’agit de réussir à surpasser tout ce que la vie produit qui peut nous tromper et nous amener à ne pas voir la réalité en face ou avoir une compréhension biaisée de celle-ci. Comme un exemple serait assurément utile pour mieux comprendre, en voici un.
Dans les premiers jours de la pandémie, le monde entier s’est replié sur lui-même. Il s’est pour ainsi dire fermé et nous avons tous eu cette impression de fin du monde dans une certaine mesure. La conséquence de ce constat fut que les gens se sont précipités… pour acheter du papier de toilette! Pourquoi? Parce que les gens croyaient qu’une pénurie était imminente même si les médias diffusait une information contraire à cette . La crise fut exacerbée par l’instinct de troupeau qui nous pousse à faire comme les autres, à savoir dans ce cas-ci d’acheter des quantités démesurées de papier de toilette. Dans un tel contexte, imaginez que vous êtes debout face à quelqu’un qui attend en ligne avec un panier rempli de papier de toilette et que votre souhait est de convaincre cette personne qu’il n’y a pas de raison ni de besoin d’acheter autant de papier de toilette. Vous feriez face à un défi de taille à relever pour réussir à épurer tous les biais qui sont à l’oeuvre dans ce scénario. (ex. vous n’êtes pas au courant de ce qui se passe, vous souhaitez garder le papier de toilette pour vous-mêmes, etc.).
Une réalité biaisée, alimentée par la désinformation issue des réseaux sociaux ou médias, les croyances personnelles, les émotions et les multiples autres sources possibles induisant des biais s’érigent en barrière à votre objectif de convaincre la personne que la réalité est toute autre. L’approche que je nomme pleine conscience épurée est leprocessus par lequel ces biais sont épurés pour atteindre une vérité, en réalité, non biaisée. Les habiletés et efforts requis pour réussir à nous dépasser et à tester la réalité d’un point de vue cognitif afin de saisir ce qu’elle a à nous offrir sont significatifs. Et même si nous réussissons, en bout de ligne, à se convaincre que nous avons atteint l’objectif, comment être certain que nous avons atteint une vérité fiable et épurée? Question intéressante, n’est-ce pas? Il s’agit d’une bonne piste de réflexion pour un autre article à venir…
En attendant, portez-vous bien et soyez heureux.
B.